Le Montmartre des impressionnistes

Le Montmartre des impressionnistes. C’est vers 1870, que les artistes indépendants, sous la houlette de Manet, prennent l’habitude de se rencontrer au café Guerbois, 9, Grande rue des Batignolles (aujourd’hui avenue de Clichy) à Montmartre.

Après la guerre de 1870, le groupe impressionniste a émigré dans un nouveau café qui a passé grâce à lui à lapostérité sous le nom de La Nouvelle-Athènes (9, place Pigalle). L’établissement était très fréquenté et tandis que ses camarades parlaient entre eux, Degas croduait les clients qui s’y présentaient.

Il nous a laissé une série de tableaux d’une justesse psychlogique et d’une qualité picturale inimitables. Ainsi en est-il des Femmes au café ou encore de la célèbre Absinthe. Camille Pissarro Un jeune pientre, Camille Pissarro, originaire des Antilles vient s’établir avec sa compagne au 12, Rue de l’Abreuvoir.

De retour d’un séjour au Venezuela, après une visite à l’Exposition universelle de 1855, impressionné par l’oeuvre de Delacroix, Courbet et Corot, il décide d’être pienttre. Il prend un atelier rue Notre-Dame-de-Lorette, au pied de Montmartre et en 1859, un logement non loin de cet atelier au 38, rue Fontaine, rencontre Monet, recueille de Corot, subit l’influence de Barbizon et celle de Courbet.

En même temps, il brosse Quelques vues de montmartre, La Rue Saint Vincent, La Tour du Télégraphe. En 1862, le jury du Salon repousse ses tableaux. Pissarro rejoint le camp des Refusés et lors de ses passages à Paris, il se rend au café Guerbois, où se réunit le groupe de défenseurs de la peinture nouvelle, à savoir Monet, Manet Renoir, Sisley, Bazille et d’autres et devient le doyen de ce groupe. Édouard Manet et son tableau « Le Déjeuner sur l’herbe » Manet et ses amis républicains dans les années 1860 fréquentent les cafés du boulevard des Italiens puis le cabaret Dinocheau ouvert depuis 1850, rue Bréda, aujourd’hui rue Henri Monnier où entres artistes le photographe Nadar accueille ses fréquents déjeuners avec Baudelaire.

Puis ce sera le café Guerbois près de la place Clichy où il rencontre régulièrement ceux que l’on surnomme « le groupe des Batignolles » : Degas, Picasso, Zacharie Astruc, Otto Scholderer, Auguste Renoir, Émile Zola, Edmond Maitre, Frédéric Bazille et claude Monet dont les débats serviront de fondations à l’impressionnisme.

Il habite à deux pas de là, boulevard des Batignolles et a son atelier rue Guyot aujourd’hui rue Médéric. Son tableau « Le Déjeuner sur l’herbe » a sans doute été le plus critiqué de toutes les oeuvres présentées au Salon des Réfusés en 1863. Si cette toile ne déploie pas toytes les innovations techniques, encore à venir, de l’impressionnisme, elle marque déjà un jalon important dans l’istoire de l’art du XIX siècle et dans l’ecrit des artistes, grâce à l’audace tranquille de Manet qui ose bousculer les codes de la peinture.

Manet devient avec ce chef-d’oeuvre le chef d’une école informelle qui aspure au renouvellement complet de la peinture.

Auguste Renoir (1841-1919), citoyen de Montmartre Renoir a contitué, avec Édouard Manet et Claude Monet, le noyau de l’impressionnisme. Àla différence de ses amis, Renoir ne s’interesse pas seulement au paysage. Il veut appliquer cette nouvelle façon de piendre avec des petites touches colorées aux hommes et aux femmes qui bougent, dansent ou rient.

Grand admirateur des maîtres classiques, Renoir a éprouvé le désir d’immortaliser la perfection et la sensualité des formes dans ses « nus » qui deviendront une des expressions fondamentales de son art. Il est un grand maître dont les oeuvres ne reflètent aucun des drames de son temps, un pientre qui jamais ne s’est enfermé dans une seule manière et qui a ét& #233; toujours son propre juge et son plus sévère critique.

C’est en 1876 que Renoir trouve un joli atelier sur la butte Montmartre avec un jardin abandonné. C’est là qu’il peint Jeanne, son modèle favori, en train de jouer à la balançoire avec deux messieurs et une petite fille éclairés par les taches de lumière qui passent à travers les arbres. « On dirait des taches de graisse », remarque un critique en voyant le tableau à la troisième exposition impressionniste.

C’est en 1876 aussi qu’il exécute la célèbre toile du Moilin de la Galette. Les critiques ont été choqués par l’effet de luière tamisée du feuillage sur les personnages qui selon eux avaient un aspest cadav& #233;rique.

Renoir haïssait la division des villes modernes en quartiers ouvriers, quartiers boureois, etc. C’est pourqoi il avait tant de plaisir à peindre le Moulin de la Galette où se retrouvaient petits bourgeois et milieux ouvriers. Il aimait l’atmosphère joyeuse de cet endroit, « cette liberté jamais crapuleuse ! Cette abandon jamais canaille ». Les personnages que l’on voit sur la toile sont ses amis : mod& #232;les, peintres, habitués du lieu. Cette oeuvreest sans doute la plus importante de Renoir au milieu des années 1870 et elle a été exposée à l’exposition du groupe impressionniste de 1877. L’étude de la foule en mouvement dans une lumière à la fois naturelle et artificielle est traitée par des touches vibrantes et colorées. Le sentiment d’une certaine dissolution des formes a été l’une des causes des réactions négatives des critiques de l’époque.

Ce tableau, par son sujet ancré dans la vie parasienne contemporaine, son style novateur mais aussi son format imposant, signe de l’ambition de la démarche de Renoir, est un des chefs-d’oeuvre des débuts de l’impressionnisme.

Renoir était un vrai citoyen de Montmartre. Le pientre du Moulin de la Galette restait au fond étranger à la grande bourgeoisie et se sentait mieux parmi les siens.

Les enfants de ses voisins, modestes bourgeois de Montmartre, les petites modistes et les fleuristes lui étaient plus proches. Celles-ci lui ont fourni un type de jeune fille aimant la vie, qu’il a adapté à son idéal et qu’il ne se lassa jamais de célébrer. C’est d’un pinceau voluptueux qu’il s’enivre de la splendeur de leur printemps et de leurs formes plantureuses. « De tous les impressionnistes, Renoir a été celui qui a participé vraiment à la vie de Montmartre.

Amoureux d’une vie simple, proche des aspects essentiels de l’existence, il a adoré Montmartre et son petit peuple. » Jean Renoir, le cinéaste, dans le livre de souvenirs qu’il a consacré à son père, évoque le passage de sa famille dans un des pavillons, le n˚6 de l’allée des Brouillards. Ses parents s’étaient installés là en 1892.Auguste Renoir qui avait conservé le regret de l’atelier du 12, rue Corot, souhaitait depuis 1876 revenir sur la Butte. Jean Renoir parle des rosiers sauvages qui poussaient dans le jardin, du verger voisin qui appartenait à un des grands propriétaires de la Butte chez lequel il allait manger des petites poires dures et rêches. « La vie, allée des Brouillards, était totalement dépourvue de ce que nous appelons le confort : on allait puiser l’eau au puits et on zinc. Tout l’hiver il fallait entretenir des feux de bois dans la cheminée pour ne pas mourir de froid.

On était là au bout du monde, et dèscendre à Paris était une expédition.

Pas de moyens de transport : les fiacres refusaient de dépasser la place de la Fontaine-du-But ou la rue des Abbesses. Alors, on vivait entre voisins et l’on se recevait comme à la campagne p)our d’interminables déjeuners.

L’étonnant est que ce coin perdu était habité par des gens charmants et intéressants. » Vincent Van Gogh Tandis que Renoir s’éloigne, un autre pientre le remplace, venant du nord. Il s’appelle Van Gogh. Au contact de Montmartre et de ses artistes, Van Gogh a modifié sa façon de piendre. Il sortait enfin des brumes du nord pour découvrir l’éclat de la lumière. C’est là qu’il s’est libéré de sa première manière pour revenir à une pienture pure, détachée de toute idéologie sociale ou religieuse.

Sa palette a déjà des tons scintillants. Ses bleus deviennent se profonds ; ses jaunes subtilement se dorent. C’est à Montmartre que sa pienture se libère. Déjà elle hésite entre les stridences de l’expressionnisme et les silences de l’abstraction.

Toute l’histoire de Van Gogh, avec ses élans religieux et humanitaires, son irrésistible vocation pour la peinture, est une suite de dures conquêtes spirituelles qui lui coûteront de la souffrance et finalement la vie. En 1886, Vincent Van Gogh vient de Hollande retrouver à Paris son frère Théo qui dirige une galerie boulevard Montmartre où il s’efforce de vendre la nouvelle peinture.

Il peut ainsi étudier les impressionnistes dont Théo lui a souvent parlé. Les deux frères prennent un appartement au 54, rue Lepic dans lequel Vincent dispose d’un atelier dont les fenêtres s’ouvrent sur les toits de Paris. Il trouve sur les hauteurs de la Butte des motifs à son goût entre paysages, broussailles du maquis, moulins et renoue ainsi avec la tradition du paysage montmartrois.

Cette époque parisienne est dans sa vie l’une des plus fécondes. Il dessine fébrilement, sans s’arrêter. Il fait connaissance avec d’autres jeunes artistes comme Toulouse-Lautrec, rencontre Pissarro, Seurat, Signac et Gauguin auquel il se lie particulièrement. Il participe activement aux discussions et aux propositions innovatrices qui suivent la crise de l’impressionnisme. Cette bande d’artistes veut aller au dejà des conquêtes du « plein air » et du naturralisme optique : cela débouche d’un côté sur la technique « divisionniste » ou « pointilliste » de Seurat et Signac ; de l’autre sur le « synthétisme » de Bernard et Gauguin.

Vincent n’adhère pas à ces tendances qui sont pour différentes raisons étrangères à sa nature. Tout en poursuivant sa recherche perssonnelle, Van Gogh semble toujours avide de partrager son expérience avec d’autres artistes. Il peint, entre autres, très nombreuses toiles, une douzaine qui seront intitulées Le Moulin de la Galette qui avait remplacé Le Radet fréquenté par Renoir dix ans plus tôt, La Guinguette (qui était alors le billard en bois au coin de la rue Saint Rustique et la rue des Saules également fréquentée par Renoir). Van Gogh organise une autre exposition collective au Théâtre Libre et une autre encore au Grand Bouillon, avenue de Clichy.

Il parvient à y réunir autour d’une centaine de ses oeuvres, les toiles de ses amis Pissarro, Gauguin, Seurat, Anquetin, Bernard. À cette époque, il a fait peu de portraits, except& #233; ceux d’Agostina Segatori, du père Tanguy, le marchand de couleurs chez qui il expose en permanence d’ailleurs, et surtout vingt-trois autoportraits.

Ce séjour à Paris de deux ans est pour lui une période de trêve de la misère mais aisi d’excès d’alcool, en particulier d’absinthe que son ami Gauguin lui fait découvrir.

Il évoque plus tard « ces jours étranges de discussions dans les ateliers pauvres et les cafés du petit boulevard ». Quand son frère décide de se marier, il décide de quitter la rue Lepic et Paris. Il confie son projet à Toulouse-Lautrec qui lui conseille Arles, la Provence où peint Cézanne.

Il est parmi en février 1888.