LE LANGAGE GRAPHIQUE

C’est un langage universel dans la mesure où il fait appel aux règles de la sémiologie. Pour élaborer ce langage, les cartographes se sont appuyés sur les principes de la perception visuelle et ont défini un certain nombre de « variables visuelles » qui permettent grâce à leurs propriétés spécifiques de traduire graphiquement les données à représenter. Ces données sont localisées. Leur implantation est liée aux coordonnées géographiques des entités qui les sous-tendent. L’implantation est donc définie au préalable. Elle peut être de trois sortes : ponctuelle (ville à petite échelle), linéaire (réseau routier), zonale (aires de cultures). Le ou les caractères représentés sont de deux natures : qualitative et quantitative, mais sur le plan de l’expression cartographique il est nécessaire d’en retenir trois, liés aux propriétés mêmes des variables visuelles : différence, ordre, quantité.

On peut retenir 5 variables visuelles fondamentales.

La variable forme est utilisée pour des données de nature qualitative. La forme peut être une figure géométrique simple, un symbole évocateur, un poncif (répétition d’une figure ou d’un symbole).

La taille est la seule variable visuelle qui permet de traduire les quantités et de mesurer les variations qui correspondent soit à une différence de longueur (bâton), soit à une différence de surface (cercle, carré, triangle, etc.). On l’utilise souvent, par exemple, pour représenter la hiérarchisation démographique ou administrative d’un réseau urbain.

La variable visuelle orientation offre quatre possibilités de différenciation : horizontale, verticale et à 45° de chaque côté. Le changement d’orientation est bien perçu par l’œil.

La couleur possède de grandes qualités de différenciation, elle est très sélective et particulièrement efficace en implantation zonale. Elle est très souvent utilisée aussi pour traduire un ordre, une progression : camaïeu ou gradation harmonique dans les tons chauds (rouge) ou les tons froids (bleu). La couleur a un fort pouvoir esthétique et accentue grandement les possibilités de différenciation.

La variable valeur ou intensité est un rapport de noir et blanc sur une surface donnée. La variation de valeur est obtenue par augmentation ou diminution de ce rapport. Cette variable traduit uniquement un ordre visuel. Elle est très efficace en implantation zonale. Elle est souvent associée à la couleur (camaïeu). Techniquement, on réalise une variation de valeur à l’aide de trames graphiques traits ou points, en jouant sur les épaisseurs et les écartements. Bien réalisée, une variation de valeur a un effet non seulement démonstratif, mais aussi esthétique certain.

Les modes de représentation dépendent du thème illustré et se multiplient avec la différenciation des variables visuelles. Ce sont les cartes d’inventaires dont les informations sont surtout qualitatives qui offrent le plus de variétés, car le cartographe utilise au maximum les caractéristiques de différenciation des variables visuelles : cartes géologiques, pédologiques, morphologiques, touristiques, historiques… Lorsque les données du thème sont quantifiées, le nombre de modes de représentation est plus restreint : des individus définis par une série statistique simple sont traduits par une progression de valeur ou de couleur pour des valeurs relatives, par une progression de taille pour des valeurs absolues. S’il y a plusieurs séries statistiques à mettre en relation, on procède à des traitements qui calculent les corrélations et définissent des types qui sont différenciés sur la carte par des couleurs ou des trames (typologies).

Certains modes de représentation traduisent directement les données : bandes alternées, cartodiagrammes. Lorsqu’il y a mouvement, la direction est transcrite par une flèche. Aujourd’hui, grâce à certains logiciels graphiques, des représentations fastidieuses à réaliser à la main reviennent à la mode avec une valeur esthétique : les anamorphoses, la troisième dimension et la vision en perspective.

 

 

EXERCICES.

 

1. Dites, si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.

 

1. La carte topographique fournit des informations sur les formes du relief et l’occupation humaine.

2. La couleur permet de représenter les objets (formes géométriques, pictogrammes, logos…) et de les différencier.

3. L’orientation souligne les différences en implantation zonale (hachures d’orientations différentes) ou ponctuelle.

4. La forme est la seule variable qui peut traduire des quantités (p.ex., ● taille des villes en fonction de leur population).

5. La valeur (ou l’intensité) est la proportion de noir et de blanc dans une surface donnée.

 

2. Donnez l’indication des couleurs(noir – bleu – bistre – vert).

L’utilisation des couleurs conventionnelles facilite la lecture des cartes topographiques. Les données hydrographiques (rivières, lacs, sources…) sont figurées en _____, la végétation en ______. Le représentation du relief (courbes de niveau… ) utilise le ______, alors que la toponymie (noms de lieux) et les occupations humaines sont indiquées en ______.

 

3. Complétez avec les indications correspondantes.

 

La carte topographique fournit des informations précises sur :

le relief : la végétation :

· ______ : altitude en mètres _______ bois, forêts

________ : courbes de niveau, dont

l'équidistance est, p.ex., de 10 m l’occupation et les activités humaines

l’hydrographie : _______ limites de communes

________ : rivières, lacs ou étangs _______ réseau routier

________ : marais _______ réseau ferroviaire

 

4. Retrouvez la place de chaque terme.

Un cadre – une nomenclature – une échelle – un titre – une orientation – une légende.

Pour être utilisable, une carte doit posséder :

- _______. Indispensable, il doit être bref, net et correspondre au sujet. Il est placé au-dessus ou au-dessous de la carte.

- _______. C’est le mode d’emploi de la carte qui, sans elle, est inutilisable. Elle contient la liste exhaustive des figurés utilisés. Elle doit être ordonnée en rubriques, hiérarchisée, et comporter les indications des valeurs et des unités choisies. Elle est placée au-dessous ou à côté de la carte.

- _______. La carte étant une représentation réduite d’un territoire, l’échelle graphique sert à évaluer les distances.

- ________ (généralement le nord) ou des coordonnées géographiques, utiles pour se repérer.

- ________. Tracé à la règle, il délimite l’espace cartographié.

- ________. C’est l’ensemble des noms qui doivent figurer sur la carte pour que l’on puisse se repérer et identifier les espaces et phénomènes représentés. Elle doit être hiérarchisée (écriture et taille des noms comparables pour un même type d’information, différents quand le type change, etc.).

 

5. a) Lisez le texte ci-dessous.

 

C’est à Louvois, ministre de la Guerre de Louis XIY, que revint l’initiative de faire construire des maquettes aussi fidèles que possible des principales villes fortifiées du royaume afin de pallier le manque de détails des cartes. Ces plans reliefs reproduits au 1/600 furent réalisés à partir de 1668 (et jusqu’à la fin du XIXe siècle). Formidables outils de précision, ils répondaient à des impératifs stratégiques : permettre aux ingénieurs du roi d’étudier la portée ou les dégâts de l’artillerie ennemie sur les bastions. Ils servaient aussi à perfectionner et simuler les techniques de siège utilisées lors des campagnes militaires. Exposés dans une aile du Louvre, les plans reliefs, ancêtres des cartes en « 3D », étaient aussi pour le souverain un instrument de prestige indéniable : le Roi pouvait obtenir une vision globale de son « pré carré ». De plus, les visiteurs étrangers étaient parfois conviés à la visite de ces maquettes qui symbolisaient la puissance militaire du royaume. Après 1875, les progrès de la puissance de feu de l’artillerie bouleversèrent les techniques de sièges (la guerre de 1870 démontra l’inefficacité des places fortes) et rendirent caduque la construction des plans reliefs. Tombées pendant plusieurs années en désuétude, ces réalisations classées monuments historiques constituent des témoignages précieux sur l’urbanisation du passé. Elles sont exposées aujourd’hui au musée des Invalides à Paris et au musée des Beaux-Arts de Lille.

 

b) Complétez, d’après ce texte, la fiche de synthèse ci-dessous.

 

1. Thème de l’article : _________________________________________________

2. Qu’est-ce qu’on peut considérer ancêtre des cartes en « 3D »? _______________

3. Pourquoi ? ________________________________________________________

21. UNE QUESTION D’ECHELLE

 

On entend souvent parler dans les médias « d’opérations à grande échelle ». Dans la plupart des cas, il est question d’opérations militaires ou policières qui nécessitent d’assez grands moyens en hommes et en matériel, dans le but de prendre le contrôle d’un quartier, d’une ville, d’une région entière, voire de tout pays. Dans les journaux qui relatent de tels événements figure souvent une carte. Ce genre de document ne suscite guère l’attention de la plupart de lecteurs. Pour les décideurs, en revanche, les cartes ont une grande importance.

Lorsqu’il s’agit de mobiliser d’importants moyens pour porter assistance, après une catastrophe naturelle, à un grand nombre de personnes qui se trouvent sur des étendus relativement vastes, on parle également d’opération de secours à « grande échelle », comme dans le cas du récent tsunami sur les côtes de l’océan Indien, où il fallait intervenir sur des milliers de kilomètres de littoral qui venaient d’être ravagés par des vagues géantes. Pour représenter tous ces rivages où les opérations humanitaires devaient aller porter secours aux victimes, il a fallu examiner des cartes représentant tout océan Indien. Dans leurs marges se trouve une graduation qui indique les distances en milliers de kilomètres. Or ces représentations sont ce que les cartographes appellent des cartes « à petite échelle » ! Elles sont indispensables à la coordination d’opérations de secours « à grande échelle » comme le soulignent les médias. Il y a donc une sorte de contradiction ou plutôt un malentendu entre l’expression « à grande échelle » et les termes « à petite échelle » utilisés par les spécialistes.

Le mot « échelle » (du latin scala, escalier) désigne tout d’abord l’instrument usuel. C’est par ressemblance que l’on a appelé « échelle » la barre graduée figurant dans la marge de toutes les cartes ou de tous les plans. Selon le cas, elle est graduée en kilomètres, en dizaines de kilomètres, en centaines de kilomètres, en milliers de kilomètres, en dizaines de mètres ou en centaines de mètres s’il s’agit de plans d’architecte. Cette graduation indique le rapport entre une distance réelle telle qu’elle a été mesurée sur le terrain ou à la surface du globe et celle, beaucoup plus petite, par laquelle on la représente sur une carte (ou sur un plan). Il correspond à une fraction qui est indiquée en marge de la carte : ainsi 1/200 000 signifie qu’une distance dans la réalité est représentée sur la carte par une longueur 200 000 fois plus petite (un kilomètre correspond sur la carte à 2 centimètres). Dans la fraction, qui indique le rapport de réduction cartographique de la réalité spatiale, le numérateur correspondant à la réalité est toujours 1. Le dénominateur indique de combien la distance réelle a été divisée pour être représentée sur la carte. Si le rapport de réduction est de 1/1 000, de 1/100 ou même de 1/10, on ne parle pas de carte, mais de plan de ville, de plan d’architecte au un/millième, au un/centième ou au un/dixième.

Le choix de l’échelle d’une carte est une question de commodité, compte tenu de la taille de la feuille de papier qu’on utilise, de l’espace que l’on veut représenter et du degré de précision dont on a besoin.

Mais, dès lors qu’il est question d’actions et de mouvements, ce qui importe n’est pas l’échelle de la carte et la taille de la feuille de papier, mais les dimensions réelles du territoire, des différents ensembles qui s’y trouvent et le degré d’information dont nous avons besoin.

EXERCICES.

 

1. Dites, si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses.

 

1. La carte au 1/200 000 est à plus petite échelle que celle au 1/20 000.

2. La vision très détaillée d’un territoire, que permet une carte à petite échelle, est qualitativement différente de ce que l’on peut voir sur une carte à grande échelle.

3. La carte étant une représentation réduite d’un territoire, l’échelle graphique sert à évaluer les distances.

4. Le choix de l’échelle d’une carte est une question de commodité, compte tenu de la taille de la feuille de papier qu’on utilise, de l’espace que l’on veut représenter et du degré de précision dont on a besoin.

 

2. Complétez le texte ci-dessous avec « grande » ou « petite ».

 

L’ambiguïté d’une notion. Venons-en aux expressions « grande échelle » et « petite échelle » : si le dénominateur est 200 000, la réalité est beaucoup plus réduite que si le dénominateur est 20 000. On dit donc, fort logiquement, que la carte au 1/200 000 est à plus ______ échelle que celle au 1/20 000, qui est à une bien plus ______ échelle. Plus l’échelle d’une carte est ______ et plus la superficie du territoire qu’elle représente est considérable ; plus l’échelle d’une carte est ______ et plus le territoire représenté est de moindre dimension. Mais la ______ échelle donne de la réalité spatiale une représentation beaucoup plus détaillée que la ______ échelle.

Lorsque, dans les médias, on parle d’une « opération à ______échelle », cela signifie qu’une opération est menée avec de grands moyens sur un vaste territoire. Mais si le territoire qu’il faut parcourir ou contrôler est très vaste, il fait avoir, pour y agir et s’y orienter, une carte à ______ échelle et non une carte à ______ échelle !

 

3. a) Lisez le texte ci-dessous.

 

Le cadastre représente l’extension des propriétés, des exploitations, des pâturages. Les plus anciens sont attribués aux Egyptiens, qui devaient rétablir les limites des champs après chaque crue du Nil. En Europe, les Romains l’utilisent afin de distribuer des terres aux soldats-colons. Au Moyen Age, des seigneurs faisaient décrire leurs propriétés dans des registres terriers : ils enregistraient le nom des serfs ou hommes libres qui exploitaient chaque tenure, mais les plans associés étaient rares. Les plans-terriers ont été surtout levés en France à partir du XYIIe siècle, les techniques d’arpentage s’étant répandues.

Après 1789, l’abolition des droits seigneuriaux multiplie le nombre des propriétaires fonciers. Aussi Napoléon décide-t-il le levé d’un plan cadastral de toutes les communes. Son établissement prendra de longues années. La loi du 15 septembre 1807 dona naissance au cadastre parcellaire appelé communément « napoléonien », composé d’états de sections, de matrices de propriétés bâties et non bâties, et de plans. Cet instrument juridique est un outil fiscal qui permet d’imposer équitablement les citoyens aux contributions foncières.

Cependant, sa mise à jour n’était pas prévue. Une révision des évaluations foncières et la rénovation générale des plans cadastraux furent prescrites par la loi du 16 avril 1930. Les plans napoléoniens ont donc été une référence pendant plus d’un siècle. Ils sont tenus à jour par les centres départementaux des impôts (des copies sont consultables en mairie). Aujourd’hui numérisé, le plan cadastral reste un outil de visualisation indispensable pour les services de l’Etat et des collectivités territoriales.

 

b) Complétez, d’après ce texte, la fiche de synthèse ci-dessous.

 

1. Thème de l’article : _________________________________________________

2. Qu’est-ce que représente un cadastre? __________________________________

3. A qui sont attribués les cadastres les plus anciens? ________________________

4. Qui encore les utilisait après les Egyptiens? ______________________________

5. Qui décide le levé d’un plan cadastral ? _________________________________

6. Le cadastre « napoléonien », qu’est-ce que c’est? _________________________

7. A quoi il est destiné? ________________________________________________

8. Est-ce qu’il est mis à jour actuellement? _________________________________

9. Est-il indispensable aujourd’hui ? ______________________________________

 

4. Complétez avec les éléments manquants.

1. évaluation 4. méthodes perfectionnées 7. établissement

2. propriété 5. cadastre 8. descriptifs